Histoire de la famille Gueneau de Mussy - Chapitre II

Page 43: 1948
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Jeu.8 janv.1948.- De Tilo, El Marco à Marguerite et Georges, 28 rue Scheffer:   ...  Je me souviens avec émorion de mes conversations avec le Vieux ; j’étais bien jeune alors et il y a plusieurs points où je vois plus clairement en moi-même. Je bouquine avec un goût plus soutenu ;  ...  Ma préférence va aux cerveaux, comme Gide et surtout Valéry, à ceux dont la lecture vous fait penser, dans lesquels on n’avance que lentement tant leur contenu est substantiel.  ...

Je t’écris spontanément comme autrefois je te parlais et je me rends compte aujourd’hui qu’entre deux phrases qui valaient quelque chose je te disais bien des conneries. Je voudrais que tu comprennes que je me préoccupe toujours de « cultiver mon jardin » comme tu disais car à quoi s’intéresser si ce n’est à notre « âme » (je déteste employer des termes aussi mal définis).  ...

                        Cela fait un peu plus de deux ans que je suis au Marco. J’ai eu la chance d’avoir cette situation. Je n’ai pas eu de mal à l’administrer mieux qu’auparavant ce qui n’est pas un point de repère car la propriété était abandonnée. Arriverai-je à l’organiser comme il se doit ? Je le pense mais « la recomendación viene de cerca » comme on dit ici.

Je m’y trouve bien : un coté technique et un coté social intéressants ; un travail humain, indépendant ; une vie saine, un cadre charmant ; une bonne situation économique et je suis tout-à-fait adapté à la solitude relative de ce genre de vie.   

25 janv.- De François, Lota à Tilo, El Marco : Mon vieux Tilo,      merci de ta lettre qui m’a fait bien plaisir. Oui la 1ère semaine a été assez dure car il a fallu que j’apprenne l’espagnol technique courant à Lota et que je me rappelle les questions de mécanique et de résistance des matériaux, laissées de coté depuis ma sortie de Centrale il y a 7 ans.  ...

L’accueil dans l’ensemble a été très aimable en particulier de la part des grands chefs, Courard très brave se mettant en quatre pour notre installation,  ...

Nous formons à nous deux, Jara (l’ingénieur dont il est l’adjoint) et moi le bureau d’études chargé par Courard de faire les projets des installations nouvelles, de discuter les devis avec les entrepreneurs et de surveiller la marche des travaux.   

31 janv.- De Tata, República 440 à Raymond, Termas de Chillán: Petit chéri,     je suis venu déjeuner et passer l’après-midi auprès de la pauvre Maman qui a encore baissé depuis hier. Hier très mauvaise journée, grosse fatigue et douleurs fortes. Bonne nuit mais ce matin épuisement terrible, esprit vague elle n’a pas la force de se lever. L’appétit baisse aussi. C’est très angoissant.   

 

Lun.2 fév.1948.- De Tata, José M.Infante 146 à Raymond, Termas de Chillán :   ...  La pauvre Ata baisse chaque jour davantage, c’est affreux !   

3 fév.- De Tilo, El Marco à Odile, 33 av.de Breteuil:   ...  La pauvre Ata se meurt; j’ai été la voir le premier et nous avons pu bavarder quelques minutes ; affreusement changée au physique – le changement est impressionant d’une semaine à l’autre. On pense qu’elle arrivera tout juste à la fin du mois. C’est très triste en dépit de l’affection relative qui nous liait à elle. Elle fait preuve de l’énergie que lui connais et qui nous a, à toi et à moi, toujours attiré chez elle.

Elle ne réalise pas qu’elle s’en va. Comme on la pique elle sent peu ses atroces douleurs. Elle rapproche son état des deux mois de sciatique qu’elle a eu il y a dix ans et déclare : encore un mois de patience. Mais je me demande si elle n’a pas une lueur désespérée de la réalité.

Aviation : J’apprends à décoller et à aterrir ; d’ici une à deux semaines je volerai seul. C’est merveilleusement pratique. Il y a une quinzaine de jours j’ai été faire une tournée de quatre à cinq jours dans le sud, à Puyehue en particulier (5 heures d’avion) (j’ai un faible pour le sud)