Histoire de la famille Gueneau de Mussy - Chapitre II

Page 29: 1941
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Lun.6 janv.1941.- De Carmen Figueroa T, Santiago à Monique, Paris :   ...  Le 3 nous avons eu un diner charmant au Crillon en l’honneur de Luis et de ses 18 ans.   ...  Tu ne peux pas savoir comme je suis heureuse de le revoir. Tu serais impressionnée de voir son changement. Il est « mûri » et tellement sympathique.  ... 

Tu ne peux t’imaginer quel cœur il est ! Il s’intéresse à ce que je fais, à ce que je pense, et tâche de me consoler de ton absence. Il me raconte mille choses au sujet de sa vie à Buenos-Aires, ses réactions au commencement devant la vie si différente à celle qu’il avait mené jusqu’alors, ses désillusions, ses flirts, ses projets.  ...

Il a l’air d’être la bonté même. Son idée d’aller faire la médecine en France me semble merveilleux comme tu penses bien ! « Que envidia ! »  ...

Maintenant ils sont à Concón Alto.  ...  Un de ses flirts (d’Odile) lui écrit assidûment, chez moi car elle lui a donné mon adresse. Elle est tellement franche et « pluma » qu’elle me fait lire les lettres, de même qu’à Luis qui au commencement était aussi épouvanté que moi devant le changement de cette petite. Mais heureusement elle a beaucoup de confiance avec Luis et lui raconte tout très ouvertement ; à moi aussi d’ailleurs ; il y a donc un genre conseil de famille entre Louloucito et moi.   

28 janv.- De Papa, Concón Alto à François, Toinette et Monique: Mes chéris,     que vous dire sinon que nous pensons sans cesse à vous et à la séparation ;  ...  Nous allons donc vivre surtout à la campagne ; il y a beaucoup à faire au fundo bien que Middleton ait déjà bien travaillé. Mais la présence constante de quelqu’un est indispensable. Je ne regrette pas cette décision car j’aime beaucoup cette vie-là. Je crois que Tilo s’y mettra bien.   

 

Sam.15 fév.1941.- De Monique, La Varenne à Tilo, Concón Alto : Mon Titi,     Tu auras 20 ans depuis longtemps lorsque cette lettre t’arrivera.  ...  Les concerts ont repris comme en temps normal. Tu comprends que je suis au 7ème ciel ! Je suis emballée sur l’orchestre du Conservatoire et sur le Chef d’orchestre.  ...

Le vieux Jules est venu nous voir   ...  Nous avons revu Mle.Lucas   ...  Nous nous écrivons avec la vieille Nounou ;   

16 fév.- Extrait d’une lettre du Ct.de Madières à Jacqueline Gueneau de Mussy, Scalibert :

Comme vous le savez Madame votre mari était pour moi un véritable ami en qui j’avais la plus entière confiance.

L’estime et l’affection que j’éprouvais à son égard étaient grandes, tant j’admirais sa haute valeur morale, sa droiture, la noblesse de ses sentiments et son ardent patriotisme. Je savais qu’il s’était engagé au cours de la guerre 14-18 où il s’était vaillament conduit ; il n’avait cessé de lutter contre les malheureux dirigeants de notre pays qui sont les responsables de notre défaite. Je savais aussi que sa situation de famille aurait pu lui permettre d’obtenir un poste à l’arrière, mais il voulait combattre au premier rang. L’un et l’autre étions en parfaite communion d’idées, aussi étais-je heureux au cours de cette guerre de l’avoir comme second, tant je savais d’autre part son ascendant au bataillon.

Lors des combats très durs des 6, 7, 8 juin, je lui avais donné une mission très délicate à remplir. Il était chargé avec sa compagnie de la défense du pont de GUERBIGNY sur l’Avre ; là il eut à soutenir de rudes attaques d’éléments mécanisés d’une division d’attaque allemande. Sa cie. tint courageusement malgré de lourdes pertes, grâce à son attitude très énergique et à son activité sous un feu très violent. Je me souviens d’un coup de téléphone qu’il me donna au moment où les engins