Lun.6 janv.1941.- De Carmen Figueroa T, Santiago à Monique, Paris : ... Le 3 nous avons eu un diner
charmant au Crillon en l’honneur de Luis et de ses 18 ans. ... Tu ne peux pas savoir comme je suis heureuse de le revoir. Tu serais impressionnée
de voir son changement. Il est « mûri » et tellement sympathique. ...
Tu ne peux t’imaginer quel cœur il est ! Il s’intéresse à ce que je fais, à ce que je pense,
et tâche de me consoler de ton absence. Il me raconte mille choses au sujet de sa vie à Buenos-Aires, ses réactions au commencement
devant la vie si différente à celle qu’il avait mené jusqu’alors, ses désillusions, ses flirts, ses projets. ...
Il a l’air d’être la bonté même. Son idée d’aller faire la médecine en France me semble merveilleux
comme tu penses bien ! « Que envidia ! » ...
Maintenant ils sont à Concón Alto. ...
Un de ses flirts (d’Odile) lui écrit assidûment, chez moi car elle lui a donné mon adresse. Elle est tellement
franche et « pluma » qu’elle me fait lire les lettres, de même qu’à Luis qui au commencement était aussi
épouvanté que moi devant le changement de cette petite. Mais heureusement elle a beaucoup de confiance avec Luis et lui raconte
tout très ouvertement ; à moi aussi d’ailleurs ; il y a donc un genre conseil de famille entre Louloucito
et moi. …
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janv.- De Papa, Concón Alto à François, Toinette et Monique: Mes chéris, que vous dire sinon que nous pensons sans cesse à vous et à la séparation ; ... Nous allons donc vivre surtout à
la campagne ; il y a beaucoup à faire au fundo bien que Middleton ait déjà bien travaillé. Mais la présence constante
de quelqu’un est indispensable. Je ne regrette pas cette décision car j’aime beaucoup cette vie-là. Je crois que
Tilo s’y mettra bien. …
Sam.15 fév.1941.- De Monique, La Varenne à Tilo, Concón Alto : Mon Titi, Tu auras 20 ans depuis longtemps lorsque cette lettre t’arrivera. ... Les concerts ont repris comme en
temps normal. Tu comprends que je suis au 7ème ciel ! Je suis emballée sur l’orchestre du Conservatoire
et sur le Chef d’orchestre. ...
Le vieux Jules est venu nous voir ... Nous avons revu Mle.Lucas ... Nous nous écrivons avec la vieille Nounou ; …
16 fév.- Extrait d’une lettre du Ct.de Madières à Jacqueline Gueneau
de Mussy, Scalibert :
Comme vous le savez Madame votre mari était pour moi un véritable ami en qui j’avais la plus entière confiance.
L’estime et l’affection que j’éprouvais à son égard étaient grandes, tant j’admirais sa haute
valeur morale, sa droiture, la noblesse de ses sentiments et son ardent patriotisme. Je savais qu’il s’était engagé
au cours de la guerre 14-18 où il s’était vaillament conduit ; il n’avait cessé de lutter contre les malheureux
dirigeants de notre pays qui sont les responsables de notre défaite. Je savais aussi que sa situation de famille aurait pu
lui permettre d’obtenir un poste à l’arrière, mais il voulait combattre au premier rang. L’un et l’autre
étions en parfaite communion d’idées, aussi étais-je heureux au cours de cette guerre de l’avoir comme second,
tant je savais d’autre part son ascendant au bataillon.
Lors des combats très durs des 6, 7, 8 juin, je lui avais donné une mission très délicate à remplir. Il était chargé
avec sa compagnie de la défense du pont de GUERBIGNY sur l’Avre ; là il eut à soutenir de rudes attaques d’éléments
mécanisés d’une division d’attaque allemande. Sa cie. tint courageusement malgré de lourdes pertes, grâce à son
attitude très énergique et à son activité sous un feu très violent. Je me souviens d’un coup de téléphone qu’il
me donna au moment où les engins