Jeu.2 mai 1940.- De Carmen Figueroa T, Santiago à Monique, Poitiers :
(c’est la lettre nº 23 d’une trentaine de lettres, de 10 pages environ chacune) … Ta présence ! Le
bonheur incomparable de ta présence ! Quelle tristesse de l’avoir à considérer comme un souvenir ! Une chose
dont on rêve. Je sais qu’il y a l’unique consolation : savoir que nous sommes toujours ensemble.
9 mai.- De Carmen C, Santiago à Tata, 12 rue Ste. Opportune, Poitiers :
… Que te dire de l’arrivée de ce pauvre enfant (Nano). Todo lo que
pudiéramos decir sería poco para describirte la impresión tristísima que nos hizo a Luis y a mi cuando lo vimos bajar del
avión. Pobrecito! Nous n’avons pu retenir nos larmes en l’embrassant; il a l’air si
faible et si désespérément triste ! …
l’invasion de la Hollande et de la Belgique que les journaux du matin ont annoncée. Quelle horreur ! Je
me demande cependant comme on a pu croire que ces sauvages s’arrêteraient s’ils pouvaient compter sur des forces
suffisantes pour tout anéantir. …
Vend.7 juin.- De François, aux Armées à Philibert, Poitiers : Mon cher
Philibert, J’ai appris avec surprise et regret
que tu avais renoncé à te présenter à Centrale. Le prétexte que tu avais invoqué, à savoir que tu ne pouvais être reçu sinon
dans les derniers, me montre que tu traverses une crise. …
Renseigne-toi au lycée sur ta position militaire. Tu dois faire un officier, tu en es capable et aussi tu ne serais
pas à ta place comme homme de troupe. … Qu’est-ce qui a failli nous perdre ? C’est la mollesse, l’égoïsme,
le je m’en foutisme de tous les Français depuis 1918.
Il faut que chacun se forge en ces heures dures mais éducatrices, une âme de chef pure, droite, énergique, charitable.
Avoir une haute idée de sa mission, savoir ce que l’on veut, s’oublier pour le bien des autres.- Car mon vieux
Tilo, tu ne dois pas être inutile; tu auras un rôle à jouer que tu ne devras pas bâcler; tu le regretterais plus tard. Regarde
en toi ce que tu as envie de faire, ce qui te plaît et suis ta vocation jusqu’au bout. …
Excuse mon vieux tous ces conseils ; tu sais que je t’aime et tu m'inquiètes, je ne vois pas ce que tu pourras
devenir si tu ne réagis pas. Je ne te comprends pas ; certes je ne t’ai pas vu depuis six mois, cela aggrave les
choses. Écris-moi, éclaire-moi sur toi, je te donnerai mon avis et tu le prendras ou non suivant que tu le croiras juste ou
non. …
18 juin.- De Papa, Poitiers à Tilo, Scalibert (Tarn) - qui
avait quitté Poitiers vers le sud devant l’avance allemande : Mon chéri,
Nous penserons sans cesse à toi quand tu nous auras quittés et même si nous restons longtemps sans nous voir, je sais
que tu ne feras que de la belle et bonne besogne. … Promets-moi de ne pas oublier que tu es avant tout chrétien et que
dans l’existence c’est la seule chose qui tienne lieu de tout autre consolation. …
Je te serre bien tendrement sur mon cœur. mon chéri. Ayons confiance et de toutes façons à Dieu.
Papa.
22 juin.- De Luis, Legatiunea Regalá a României B.A. à ses parents, Poitiers :
… Comment vous exprimer l’angtoisse qui m’a pris quand j’ai appris que la paix ètait signée. …
29 juin.- De Luis, Buenos-Aires à Maman, Poitiers : … Mes chers hôtes sont assez abattus par les derniers événements. Évidemment tout le monde s’attendait
à ce que la Russie reprenne un jour ou l’autre la Bessarabie mais tout de même. Et puis j’ai peur qu’elle
ne s’arrête pas là, même en ayant aussi une partie de la Bucovine. …
Mar.2 juil.1940.- De Ghislaine, Poitiers à Tilo, Scalibert : …
Le mercredi 19 juin, j’étais tranquillement en train de lire quand tout à coup j’entendis le ronronnement des
avions allemands, je me dis ça ne vaut pas la peine de bouger, on en avait tellement entendu ces derniers jours et je m’étais
remise à lire quand tout à coup j’entendis : zim, boum, badaboum, buuuu ? Je me