pour faire la même chose ; et je me rends compte aussi que je ne pouvais pas faire autrement. Ici j’ai
un professeur qui me dicte un cours condensé avec toutes les explications nécessaires et avec une rapidité folle ; ...
Je vis une vie complètement nouvelle. Les chers souvenirs du Chili me semblent si loin. C’est une
vie si active que j’ai à peine le temps de penser. …
Mar.25 oct.1938.- De Hélène, 21 rue Laurent Gaudet à Raymond, Pedro de Valdivia
428 : ... À la lueur
fulgurante des derniers événements la France a vu qu’elle n’est plus qu’un pays de second ordre qui n’a
plus aucune influence et dont le nom tous ces jours-ci est passé sous silence, dans les tractations en cours sur lesquelles
elle ne peut exercer aucune influence dans son état d’anémie actuelle ! Que c’est douloureux et quelle leçon ! …
27 oct.- De Maman, Santiago a Tilo, Versailles : ... Que te dire sur la journée des élections :
Que chasco para Ross et les conservateurs trop sûrs de leur succès. D’après Magdalena Vicuña qui le tient de lui, à
neuf heures du matin voyant la pagaïe de ses bureaux, où ils ont eu quantité de trahisons, il se serait écrié : «
Je suis perdu ! ». Aguirre Cerda a eu une majorité de plus de 7000 voix.
….
Mar.1er nov.1938.- De Tilo, Versailles à ses parents, Santiago: ... J’ai revu les quatre petits Cousiño ;
tu dois être au courant des lettres qu’ont écrit les aînés à leur père. Ils sont très malheureux et dans un état pitoyable.
Fais tout ce que tu peux pour qu’oncle Luis vienne pour Noël et se charge de leur éducation. S’il les voyait il
se rendrait compte qu’il ne peut pas les laisser tels quels. …
Novembre.- De Luis, Santiago à Philibert, Versailles : Mon vieux Philibert, je suis enchanté de ma boxe, j’y vais tous les deux jours
à 8h moins le ¼ , le matin. Je fais avec Serban, sous la direction d’un professeur, de bons rounds où nous recevons
tous les deux des coups de poing magistrals. C’est bien amusant quand on n’y va pas comme une brute. ... Je vois assez souvent Inés Figueroa qui est toujours aussi
sympathique si ce n’est plus. ...
À part cela je me prépare à passer de bonnes vacances au fundo avant de rentrer au lycée. …
19 nov.- De Georges, 60 rue Pierre Charron à Tata, Santiago : ... De grâce ne me remercie pas pour mes attentions
pour Philibert. Aucune reconnaissance ne m’est due. Je m’occupe de lui aussi naturellement que je respire. La
chose est aisée car il est facile, bien élevé, intelligenr, courageux et charmant. Je lui applique un vocable qui dit tout :
c’est un Monsieur. Je compte sur un petit nombre de doigts les hommes connus de moi et dignes de cette qualification.
Il s’est mis à son travail avec courage. Pour le moment il s’en tire à peu près ce qui est beaucoup étant
donnée l’insuffisance de sa préparation. Ce n’est guère qu’en cours d’année qu’il se rendra
compte de ses véritables possibilités. ...
Claude est rentré d’Oxford l’autre soir : ils se sont rencontrés dans le grand salon et avant de se
serrer la main se sont longuement regardés surpris l’un par l’autre comme des inconnus qui avaient à faire connaissance.
Toutes les qualités de Philibert ne diminuent aucune de celles de François qui reste pareil à lui-même si ce n’est
que son dernier voyage au Chili lui a donné plus de souplesse et plus d’oxigène morale. Il travaille comme une brute
et semble réussir. Il est s’il se peut encore plus affectueux et plus confiant qu’avant avec chacun de nous ! …
Sam.3 déc.- D’Odile, Santiago à ses frères (François et Philibert),
Paris : Mes très chers frères, ...
j’ai lu « Le dernier des mohicans », c’est épatant. J’ai lu bien sûr tous les livres que
tu m’as laissés. Luis prend des classes de boxe et ne revient pas toujours glorieux.
... Nous avons fait cadeau d’un des petits chats de la Pancha, pauvre
petit ! ...