Vend.19 juil.1940.- De Papa, 12 rue Ste.Opportune à Tilo, Scalibert : ... J’ai lu ce que tu m’écris
au sujet du voyage au Chili. Je comprends que l’idée de ne pas servir directement la France te serre le cœur mais
je crois qu’il faut penser à ton avenir et que, dans les circonstances actuelles, tu auras plus de perspectives de réussir
là-bas qu’ici. …
27 juil.- De Tilo, Scalibert à Monique, Poitiers : ... Je crois qu’il est sérieusement question de
rentrer au Chili pour un temps X. Que dis-tu de cela ? Ne désirais-tu pas quand nous étions là-bas, revenir en France
pour te marier et par conséquent t’y fixer. Notre retour au Chili ne te désespère t’il pas ? ... Il est certain que tu pourrais rester en France chez Grand-mère,
chez les Heeckeren ? C’est peut-être difficile pour toi de ne pas suivre Papa et Maman. Il faut réfléchir à tout
cela. ...
Dans un autre ordre d’idée, si oncle Philippe ne revenait pas, ce serait terrible pour sa famille. Je frémis
quand j’y pense. …
30 juil.- De Maman, Poitiers à Tilo, Scalibert : ... Maintenant il s’agit de s’étudier
à fond, de voir ce que tu voudrais et pourrais faire dans l’avenir. ...
Ton Père et moi voyons les années, peut-être les mois qui viennent horriblement durs et difficiles à tous points
de vue. ... Enfin étudie-toi beaucoup
pour pouvoir agir sans regrets. …
Sam.3 août 1940.-.D’Odile, Poitiers à Papa, 21 rue Laurent Gaudet :
Mon cher petit Papa, nous venons de recevoir ta lettre qui
raconte tous les désastres qu’ont commis les .. chez nous (la cave). …
9 août.- De François, Confolens (à 80 km.de Poitiers) à Tilo, Scalibert :
Mon vieux, je viens bavarder un peu avec toi : je me sens
bien seul après cette défaite de notre pauvre France et si loin de la famille. ... et l’avenir est sombre : qu’allons-nous devenir ? ... le plus sage est que restions à Poitiers jusqu’à
votre départ pour le Chili. …
Merc.18 sept.- De Maman Noire (Marguerite), 28 rue Scheffer à Tilo, Poitiers : ... Si cela me fait gros coeur
de quitter la rue Pierre Charron, c’est surtout à cause du souvenir charmant pour moi de tous mes « gigolos »
réunis, gais, heureux, insousciants, contents de vivre ! ... Cela restera sans aucun doute les moments parmi les plus doux de mon existence. ...
Tu t’en vas mon Titi et je le comprends. Tu as raison. Quand te reverrai-je ? Quand viendras-tu à nouveau
t’asseoir à coté de moi et me raconter ce qui t’intéresse ? Quand ?
…
20 sept.- De Georges, Paris à Tilo, Poitiers : ... Je regrette bien que ton voyage remette à une échéance
bien indéterminée le plaisir de nous revoir en ce monde. Aussi mauvais qu’il soit je n’ai confiance que dans sa
triste réalité. : je ne me vois guère là ou vaquent les âmes. ...
Nous nous étions bien entendus et je crois que nous nous serions entendus mieux si nous nous étions retrouvés. Alors
tu vas cultiver ton jardin au Chili : il dépendra de toi de le bien fumer et d’y récolter maintes roses. ...
Écris de temps en temps à ton vieil oncle qui ne te déteste pas,
Vx. Vx.
Octobre.- De Georges, Paris à Monique, Poitiers : Ma chère Momo, je te félicite de ta décision prise de rester à Paris. ...
Je me suis bien douté qu’il se préparait un mariage pour François car on m’a demandé des tuyaux sur l’état
mental de la famille Cousiño. J’ai pu répondre que les plus folles ne sont pas celles qui sont privées de liberté ! …
Sam.19 oct.1940.- Poitiers. Je soussigné, sain de corps et d’esprit,
déclare établir ainsi mon testament : En cas de mort je désire que ma succession soit partagée également entre mes enfants.
Je désire que sur la quotité disponible il soit prélevé la somme nécessaire pour que mon beau-fils