fauteuil roulant elle se rendait au parloir où elle était souvent appelée. Elle avait un tel rayonnement, écrit une
enfant de Marie, que l’approcher c’était l’aimer. ...
Les derniers mois furent très douloureux. Notre Mère multipliait les actes d’abandon : « Je veux tout
ce qu’Il veut et comme Il le veut » répétait-elle souvent avec force. Parfois son regard s’éclairait et après
des crises de suffocations bien pénibles elle disait : « Cher Seigneur comme je l’aime ».
C’est le 30 août 1953 qu’Il l’appelait à le contempler à jamais. Le 1er septembre M.le
Vicaire Général Fiot, Directeur de l’œuvre des églises pauvres à laquelle Mère de Mussy s’était tant dévouée,
tint à venir lui-même assister aux funérailles et à donner l’absoute.
…
Jeu.15 octobre 1953.- De Mère de St.Anne (Françoise d’Ussel), 2 av.St.Nicolas,
Cannes à Clémy, Palerme : ...
depuis mon anémie cérébrale et bien des maladies, je suis un être très diminué ne pouvant fournir un travail intellectuel
normal. ... J’oublie tant
de choses mais n’en invente pas heureusement. ... je commence :
Mon premier contact avec tes frères et sœurs a été plutôt pénible. Un soir, je devais avoir 5 ans, ma mère me
dit qu’elle allait m’emmener voir des petits enfants ; suivirent toutes les recommandations d’usage
en pareille circonstance. C’était alors sans enthousiasme que je partais car si j’étais alors une petite fille
tranquille et sage parce que tout le monde m’obéissait, j’étais aussi timide et sauvage à l’excès.
Je vois encore la pièce où l’on m’a conduite, faiblement éclairée par une des bonnes lampes à pétrole de
mon enfance et posée (non sans raison) à une distance respectable. Tous les petits de Mussy existants étaient là par terre
tout seuls, cherchant à saisir un réveil cassé pour le faire sonner. Mon entrée ne fit aucune impression, ce jeu était trop
passionnant. Lily était là et du haut de ses 7 ans avait la pose, le geste et la voix du chef qui entend se faire respecter,
en faisant à elle seule un beau tapage ...
et je regardais ahurie.
Cela ne dura heureusement pas trop longtemps mais si l’on m’avait demandé mon avis, je n’aurais certainement
pas demandé de revenir. Mais on ne demanda pas mon avis, nos mères s’étant de suite comprises et aimées, les visites
se répétèrent et tout fut changé. Ma 1ère visite était inattendue et n’avait pas été préparée par de bons
conseils. Je crois que je fus la 1ère petite fille avec laquelle tes aînés furent en rapport.
Quand j’arrivais la 2ème fois toute la bande m’adopta et je me rends compte maintenant que ce
ne fut pas sans mérites, car ce n’était pas moi qui entrais dans la bande pour partager ses goûts et ses jeux ;
mais c’est elle qui prit mes goûts avec tant de gentillesse et d’affection, car sans affection cela aurait été
trop héroïque pour durer. Et cela dura si bien que je me rappelle que pendant les 15 ans que j’allais chez toi si souvent,
il n’y eut non seulement pas de disputes mais même pas une parole un peu vive que je méritais bien parfois et qui aurait
pu blesser ma susceptibilité fort développée. ...
Je me demande maintenant comment entre 2 enfants aussi différentes que Lily et moi, une vraie affection et plus tard
une profonde intimité aient pu exister. ...
les 4 aînés étaient .. turbulents,
bruyants, pas trop disciplinés (cela se comprend, 4 enfants si rapprochés d’âge) mais tous avaient si bon cœur,
si bon esprit, si unis entre eux et surtout si affectueux et confiants avec leurs parents.
...
(Lily) avait une riche nature, très intelligente, débrouillarde, pleine d’initiative, très franche et pas timide
du tout, se sentant l’aînée et entendant que les autres (si peu plus jeunes qu’elle) en tiennent compte. Parfois
un peu rude et impatiente dans le commandement mais le rachetant par sa vraie affection et son dévouement. Ce dévouement et
son bon esprit ont fait que même très jeune, sa mère se déchargea sur elle de bien des choses, spécialement de la surveillance
de ses frères et sœurs qui s’adaptaient car leurs bons cœurs n’auraient pas voulu causer par leurs révoltes
de la peine à tes parents qui du reste soutenaient l’autorité de Lily. ...
À 7 ans elle était déjà une royaliste convaincue, prompte à la riposte si on la contredisait. Un jour que tes Parents disaient que
... de leurs amis comptait appeler une fille Marie-Amélie, Lily indignée
s’exclama :