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A G R A N D E G U E
R R E - 13
trois jours, encore deux jours et depuis je ne l’ai plus vu.
Je l’ai quitté sur le coté droit du fort quand il m’a dit de m’occuper du coté gauche. Je suis parti
puis plus rien si ce n’est que le caporal Folliot est venu me prévenir que mon lieutenant était mort. …
(jeu)13 juil.1916.- Citation à l’Ordre de la Division. Ordre Général
nº 74 : Gueneau de Mussy, Raymond, Médecin auxiliaire au G.B.D.130. Remarquable par son calme dans les circonstances
les plus difficiles, grâce à sa bravoure, à son ascendant sur les hommes a pu assurer la relève et le transport de nombreux
blessés sous un bombardement intense.
25 juil.- Du Caporal André Folliot, au Front (129ème Rég, 8ème
Compagnie) à Isidora, 2 rue de Lota : ... la 8ème Cie. a été dissoute après l’affaire de Douaumont car elle a été décimée. ...
le souvenir de nos chefs et de nos camarades tombés au champ d’honneur ne nous a pas quitté. Si vous voyiez la
peine de tous ces soldats quand on les met au courant des derniers moments de notre lieutenant. C’est triste Madame
mais aussi c’est beau de voir les sentiments unanimes suscités par un pareil homme. Il laisse le souvenir d’une
réelle valeur, d’un courage remarquable et surtout d’une bonté sans borne.
Tous les témoignages concordent pour dire que ce malheur est survenu entre 3 ½h et 4 ¼ . ... Il ne portait pas la croix de guerre, j’espère que
vous l’avez trouvée dans sa cantine. …
Lun.14 août 1916.- De Dorée, Santiago à Tata, 2 rue de Lota : Ma pauvre
petite chérie, tu es toujours accablée, tu sens de plus en plus ta vie brisée.- hélas oui malgré cette mort glorieuse, je
comprends que ton cœur soit brisé, qu’il n’y ait pas de consolation pour cette tendresse perdue. Il faut
cependant te dominer pour te bien porter afin de donner le jour à un enfant robuste et sain qui sera ta joie désormais. …
15 août.- De Noñito (Alberto C), Santiago à Tata, rue de Lota: Ma chère petite
fille, Comme je te plains et comme je suis avec toi dans ta
douleur. Malgré l’héroïque conduite de François, malgré la gloire qui rejaillit sur toi et les tiens, je ne puis me
consoler de la perte de ton excellent mari. J’ai eu la joie mais si triste de recevoir ta belle lettre qui a rouvert
mon chagrin à la pensée de te voir si jeune et déjà veuve.
Heureusement que tu auras un fils qui sera ta consolation et que tu aimeras pour deux si c’est possible. ...
Donc pour s’y plaire il faut avoir un but dans la vie ; et je l’ai trouvé. J’ai de quoi m’occuper.
Il y a à Tipay à 147 kilomètres au nord de La Calera par le chemin de fer longitudinal, de gros gisements de cuivre et jusqu’à
présent cela se présente sous un aspect des plus intéressants. ...
Pendant que je me trouvais à Caimanes nous résolûmes ta mère et moi de faire un voyage à Copiapo que je n’avais
pas vu depuis 15 ans. Pauvre petite ville ; elle est aussi misérable qu’à mon premier voyage et pourtant elle a
eu l’honneur d’avoir le premier chemin de fer et le premier théâtre du Chili grâce aux immenses richesses qu’avait
donné au pays la fameuse mine de Chañarcillo en 1832.
Mais je l’aime aussi parce qu’elle est la patrie de mon grand-père maternel Don Ramón Goyenechea et parce
qu’elle fut aussi celle de son père et de son grand-père à lui. Nous résolûmes de faire le voyage. ...
Nous étions à 50 km. de Chañarcillo. J’eus l’idée de le faire connaître à Totte (Louise S). ...
C’est une bien curieuse histoire que celle de la découverte de Chañarcillo et aussi par sa fabuleuse richesse
qui a donné le luxe et le bien-être à la plus grande part des familles de Santiago : aux Ossa,