Il reprit alors la médecine qu’il n’avait pas perdue de vue et au courant de laquelle il
s’était toujours tenu ; en avril 1826 il fut nommé médecin de l’Hôtel-Dieu en remplacement de M.Asselin,
décédé.
C’est en 1823 que François IV entra a l’Académie en qualité de membre honoraire.- Ici je ne peux
mieux faire que de citer ce que disait M.Frédéric Dubois dans son éloge de Gueneau de Mussy le 14 décembre 1858 : Jamais
homme ne réunit à un pareil degré toutes les qualités de l’académicien : savoir aussi étendu que profond, sentiment
de dignité qui n’attirait aucun sentiment d’orgueil, politesse tout à fait exquise et un respect inviolable de
toutes les convenances.
Après vingt ans de services comme médecin de l’Hôtel-Dieu, il donna sa démission car son oreille
devenue dure ne lui permettait plus de s’aider de l’auscultation dans le traitement des malades.
Dans l’hiver de 1855 il eut la plus cruelle épreuve de sa vie, il perdit celle qui avait été sa courageuse
compagne, son soutien dans ses travaux et la consolation de sa vieillesse. En proie à une douleur dont il n’avait jamais
soupçonné l’amertume, il remerciait Dieu de la lui avoir infligée plutôt que de l’avoir reportée sur celle qui
en était l’objet.
Vers la fin de l’hiver 1857, ayant été pris d’une pneumonie, il comprit que sa fin
approchait. ..
Le matin, sentant sa fin venir, maintenant dit-il, il est temps : Allez chercher l’homme de
Dieu ; je veux le voir et m’entretenir avec lui. Résigné et ferme il accomplit ses derniers devoirs sans donner
la moindre marge d’émotion ou d’attendrissement, répondant d’une voix ferme aux paroles du Prêtre et conservant
cette physionomie sereine et bienveillante qui lui était naturelle, il rendit sa belle âme à Dieu le 30 avril 1857 à l’âge
de 83 ans.
NOTE : Cette biographie de François et la suivante, de son
fils Henri, proviennent en grande partie du journal que tenait mon grand-père Philippe Gueneau de Mussy.
Jusqu’à la Révolution la famille Gueneau de Mussy avait
résidé à Semur-en-Auxois. Là naquit François ; son père (François III) était un gentilhomme terrien, seigneur de Mussy-la-Fosse,
village situé sur une de ces stations du vainqueur des Gaules qu’on désigne sous le nom de « Camps de César ».
Henri naquit à Chalon-sur-Saône le 11 février 1814. Il fit brillamment ses études et fut bachelier
à 16 ans. Comme son père il se destinait à la médecine mais ses études furent distraites par une vie apparemment dissipée
et une passion pour une femme qui culmina avec sa décision de quitter la France pour un voyage autour du monde.
Il part le 29-12-1836 à bord de la Vénus, frégate de 3 mâts dont le commandant est Abel Aubert
DUPETIT-THOUART – comme chirurgien auxiliaire. La Vénus a 450 marins et 20 officiers. Il fit le tour du monde passant
par Río de Janeiro, Cap Horn, Valparaíso, Lima, Payta (Pérou), les Galápagos, les iles Sandwich (Hawaï), Kamchatka (Petropavlosk),
les iles Marquises (que en 1842 Dupetit-Thouart annexa pour la France), etc ..
Henri tint un journal de son voyage dont je n’ai d’ailleurs qu’une partie (200 pages).
Le voyage dura plus de deux ans.
Je vais en citer sinon un aperçu, une anecdote : une de ses visites à Manuela Saenz, Payta, Pérou
en juin 1837 : « Je suis retourné chez Manuela Saenz (qui fut l’amie de Simón Bolivar). Elle me parla
de son patriotisme et de son immense dévotion pour la liberté et la libération de l’Amérique du sud. Pour elle c’est
une seule nation et elle appelait la guerre du Chili avec le Pérou une guerre de famille qui finirait par des embrassades
de frères. Dans 50 ans Manuela pense voir l’Europe aux pieds de l’Amérique. Au Pérou son héros était Salaberry.