Histoire de la famille Gueneau de Mussy - Chapitre I

Page 26: 1915
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Chapitre II -

      L A   G R A N D E   G U E R R E  -  8

 

Dim.23 mai 1915.- De François, au Front à Tata, Le Chesnay :   ...  Quant à la lettre de Wilson, elle est calmante car il s’occupe bien de nos affaires et nous pouvons laisser les choses suivre leur cours. Il n’y a pas un sou à avancer aux syndicataires ; garde précieusement l’argent de Lota, il nous servira après la guerre à faire toutes sortes de dépenses, entre autres la fin de notre maison de Prince Rupert    

30 mai.- De Tata, Le Chesnay à François, au Front :   ...  Tu m’aimais vraiment alors, je le sentais (Elle parle de sa première rencontre avec François à Soultz en août 1912), nous vivions l’un pour l’autre, sans le savoir je m’étais donnée toute à toi et je ne cherchais pas à me prouver que l’amour n’était qu’une chimère, non, non, comment. Je comprenais seulement ma raison d’être. Laisser son cœur s’épancher, aimer, aimer pour aimer est le seul amour, sans raisonnement, sans arrière-pensée. Oh ! était-ce donc dans une autre vie, dans un rêve ; ces heures ont-elles pu exister réellement ?

                        Hélas oui mais elles ne durèrent qie l’espace d’un matin et jamais elles ne revinrent. Comme je les désirais ces heures dont le souvemir ne peut s’effacer.

Je vais aller dormir et rêver que je t’entends venir puis j’aurais ta réponse. Comme la nuit est calme et mystérieuse ce soir, si nous écoutions bien je crois que nous entendrions le frôlement d’ailes de nos âmes qui s’étaient perdues en s’aimant et qui se cherchent. Oh ! ton amour, ton amour  je ne vivrais sans lui. Il faut que je te quitte et je ne peux le faire ce soir, il me semble entendre ta voix qui s’approche. J’ai une idée fixe ; tu vas me retrouver ; serai-je cette femme que tu avais aimée ?

                        Ne tarde pas plus, je t’en supplie, viens prends-moi dans tes bras et fais-moi mourir si tu ne m’aimes plus comme avant.     Tatiana

31 mai.- De François, au Front à Tata, Le Chesnay :   ...  Il y aura bientôt un an que dure ce cauchemar et je ne conçois pas la fin autrement que par un miracle.   

 

Vend.4 juin 1915.-    ID.   :   ...  J’ai vu hier des camarades revenant de C.  un des villages récemment pris par nous. On ne peut avoir idée, même après toutes les ruines que nous avons vu en Champagne, de l’aspect du village et de la puanteur qui se dégage provenant des débris trop menus de centaines de boches réduits en bouillie et pourrissant entre les monceaux de pierres. A un endroit on nous dit vous êtes à l’Église, il y a une rue ici, une place là, une tranchée était là. On ne distingue rien dans le chaos.   

20 juin.- De Hélène, Le Chesnay à Raymond, Quedlinburg :   ..  Il y a détente dans l’état du petit (François), hier il a été mal, c’est une crise de dentition. Nous sommes très fatiguées Tata, la bonne et moi, voilà quinze jours que nous sommes autour de ce petit.   

29, 30 juin.- 2 let. de François, au Front à Tata, Le Chesnay :   ...  L’histoire nous racontait des batailles qui n’ont rien de comparable avec ce qui se passe actuellement : arrosage de projectiles formidables et attaque à la baïonnette ; on se sent bien petit et bien faible devant ces engins fantastiques de destruction.   

Il y a un an, nous étions dans l’ile de Vancouver et my strong little lady faisait avec moi de si belles promenades, j’arrive à les revivre en imagination,    

 

Jeu.1er juil.1915.-    ID.   :   ...  J’avais pénétré ma chérie toutes les parties de ton cœur et tes lettres quotidiennes si tendres et si douces à mon cœur l’auraient fait s’il en avait été besoin ; notre séparation nous aura rapproché – quoiqu’étrange que cela puisse paraître -   

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